En date du 13 mars, une demi-journée de réflexion a été organisée pour permettre à ces membres de se rencontrer et d’échanger sur certains sujets en lien avec leurs objectifs.
Trois principaux sujets ont été abordés au cours de cette journée dont voici les éléments clés à retenir :
- Quelle femme pour le mouvement jeunesse consciente ?
Thème développé par Mr Blaise Pascal Muhindo :
Le choix de ce thème développé au cours du mois de Mars, avait pour objectif de clarifier le sens de la journée du 8 mars et mener un débat entre les membres au sujet de la compréhension des droits des femmes et comment en tant que membres du Mouvement Jeunesse Consciente, nous pouvons l’intégrer dans notre quotidien.
- Il a été clarifié le fait que la journée du 8 mars n’est pas une journée de fête de la femme comme le prétend parfois certaines personnes et certaines institutions. Il s’agit bel et bien d’une journée de réflexion sur la lutte pour les droits des femmes.
- Le mouvement féministe dont l’objectif est d’abolir les discriminations à l’égard de la femme a eu pour mérite d’obtenir l’égalité juridique entre l’homme et la femme. D’une certaine façon, l’on est passé de l’exclusion à la reconnaissance et peu à peu à l’égalité
Néanmoins, tel n’est pas encore le cas pour l’Afrique, et la RDC en particulier, où l’engagement social de la femme a encore de la peine à prendre forme. Qu’est-ce qui freinerait cet engagement de la femme congolaise ?
Plusieurs obstacles contribuent à cela entre autres les problèmes d’éducation, les problèmes d’engagement et de volonté politiques, des problèmes sociaux, etc.
Cette lutte féministe pour la promotion de droits des femmes est passée par plusieurs étapes ou plusieurs époques avec chacune un courant spécifique. Trois principales de ces étapes ont été abordées, notamment :
- Le féminisme dans les sillages de l’humanisme démocratique
Malgré les acquis de la démocratie moderne qui mettait fin au déterminisme et promouvait l’égalité, la femme est restée longtemps exclue de la sphère publique, considérée comme un citoyen de second rang. Parfois assimilée au patrimoine de l’époux, la femme n’a souvent été prise que comme objet de plaisir dépourvu des droits et de dignité intrinsèque. Tout cela l’a empêchée d’être totalement elle-même et a privé l’humanité entière d’authentiques richesses spirituelles. S’inscrivant dans l’optique démocratique, le féminisme a voulu abolir tout système de pouvoir ayant la hiérarchie naturelle entre les humains comme fondement. C’est pourquoi, le combat féministe des premières heures a été politiquement défini en termes de l’égalité de droits dans la participation des femmes à la vie professionnelle, publique et politique
- Le modèle de l’engagement sociopolitique de la femme en Occident
Le combat féministe des premières heures en Occident a été politiquement défini en termes d’égalité de droits dans la participation des femmes à la vie professionnelle, publique et politique. Cela a débouché sur une véritable politique de l’égalité des chances et de la parité. A la suite de ces revendications s’est développé, en milieu francophone, un féminisme radical, axé essentiellement sur la libre possession du corps féminin. La contraception et l’avortement ont dès lors été proposés comme des moyens efficaces pour libérer la femme de l’emprise de la maternité et lui permettre d’émerger sur le plan professionnel. En outre, il fallait sortir du couple pour bien mener le combat, puisque selon les tenants de ce courant le mariage faisait de la femme une prisonnière de l’époux (cfr. Marxisme). A cet effet, comme le montre Elisabeth Badinter, plusieurs féministes ont fait « le choix de vivre seules, non seulement pour mettre en accord leur vie privée avec leur idéologie, mais aussi pour se récupérer en tant que personne, « je » libre et autonome »[1].
- Modèle d’un féminisme décomplexé en RDC et que nous pouvons adopter en tant que membres du MJC
Il est indéniable qu’il existe des inégalités qui excluent la femme congolaise de la sphère sociale comme actrice qualifiée. De ce point de vue, il faut reconnaitre qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine des droits de la femme, surtout en ce qui concerne l’égalité effective des droits politiques et de la parité. Néanmoins, le modèle occidental du féminisme est-il une voie obligée pour la femme africaine étant donné la divergence de contexte ?
En analysant le féminisme exporté en Afrique, il se dégage une méconnaissance de la diversité culturelle qui frise d’un impérialisme axiologique. Ses acteurs et promoteurs occidentaux ne tiennent toujours pas compte des particularités des peuples africains. Or quand bien même les femmes africaines rencontreraient les mêmes problèmes que celles occidentales, il n’en demeure pas moins que la différence des contextes (relativité des valeurs), appelle à reconsidérer l’expansion du modèle féministe occidental.
Voilà pourquoi, pour éviter toute tentative de pensée unique, il faut un féminisme contextualisé. Il n’est pas un rejet total des acquis du féminisme occidental, mais plutôt une prise en compte des réalités propres de chaque peuple, car l’efficacité des théories sociales sont aussi fonction de l’adéquation avec la vie réelle de ceux pour qui elles sont établies.
Dans le contexte du communautarisme africain, un nouveau modèle non individualiste est possible. Les africains (es), en fonction de leur univers culturel, de leurs valeurs, ont droit de se forger un féminisme adéquat. Celui de l’égalité entre les sexes en termes des droits et de dignité, de l’altérité et de la complémentarité nous semble le mieux adapté.
Ce type de féminisme suppose davantage l’implication sociopolitique de la « mère-épouse » que celle de la femme considérée comme individu autonome affranchie du couple et de la famille. Ce modèle est à puiser dans le leadership traditionnel féminin que nous trouvons dans la gouvernance des Reines africaines qui ont su allier la gestion politique et la gestion familiale. Un tel modèle est à fonder non seulement sur la revendication des droits sociopolitiques, mais aussi sur l’accomplissement des devoirs conjugaux. Pour ce faire, il est urgent que des « mères-épouses » s’engagent aujourd’hui en politique pour faire valoir ce nouveau modèle. Sans cet engagement, et tant que ce domaine est laissé aux femmes célibataires et celles aux foyers à problèmes, le préjugé persistera et la société africaine sera toujours privée de la richesse spirituelle, de la compétence et du génie féminins[2]. Un sérieux engagement de ce type de femmes permettra de questionner à nouveau frais le prisme paritaire dans l’accès aux postes de prise de décision.
Conclusion
La déconstruction des hiérarchies naturelles par l’humanisme démocratique moderne a permis une révolution sociopolitique sans précédent. L’égale dignité de tous les humains est devenue un acquis. La femme, grâce au combat féministe, est parmi les derniers à acquérir cette qualité. Parti de l’Occident, le mouvement féministe s’est exporté vers d’autres continents favorisant un choc bénéfique de cultures. Néanmoins, si en Occident l’égalité des droits politiques entre homme et femme semble acquise, cela n’est pas le cas en Afrique où les femmes sont toujours politiquement marginalisées et discriminées. Pour ce faire, il est urgent, pour la promotion du leadership féminin en Afrique, d’inventer un nouveau modèle conforme au contexte africain et qui pourra permettre l’engagement politique non plus simplement de la femme célibataire (individualiste) mais aussi et surtout de la mère-épouse (communautariste).
- Utilisation des liens internet et autres plateformes de collecte des données
Développé par Ebben-Ezzer Genda
Ce deuxième thème avait comme objectif non seulement de sensibiliser les membres de MJC sur l’importance de la technologie de l’information comme un des moyens de développement depuis quelques décennies. L’humanité est en train de connaitre une croissance exponentielle dans ce domaine, et il se fait voir que l’avenir de l’humanité sera de plus en plus informatisé.
Malheureusement, malgré que nous sommes tous convaincu de l’importance et de la vitesse avec laquelle le monde de l’internet évolue actuellement et malgré les opportunités que nous avons déjà à disposition (des téléphones Android, téléphones connectés, la disponibilité des tutoriels de formation sur internet, la disponibilité des plateformes informatiques et des applications, etc.), nous nous rendons compte que nous ne sommes pas à la page pour pouvoir les exploiter comme il se doit.
C’est dans ce cadre que ce sujet a été abordé pour les membres de MJC dans le but de les stimuler à l’intérêt et l’utilité des liens et des plateformes pour faciliter certaines choses.
La séance était très pratique car elle s’est déroulée avec les démonstrations en ligne pour permettre de rallier la théorie directement à la pratique. Bien que limité par le temps, les points suivants ont été abordés au cours de ces démonstrations :
- L’utilisation des liens dans des documents (Word, Excel, Power Point, etc.).
- L’utilisation des liens sur des documents internet et leur utilité
- L’utilisation de Google Drive pour la sauvegarde des documents personnels, ce qui permet d’y accéder partout à travers son adresse mail.
- L’utilisation de la Google Forms pour la conception des formulaires d’enquêtes en ligne
- L’utilisation de Kobo Collect comme application de collecte des données, capable de collecter des données même en dehors d’une connexion internet et ensuite elle permet la synchronisation des données une fois connecté.
Au cours de la séance, il a été noté que la majorité des participants ne sont pas en phase avec ces éléments et donc il est très encouragé à tous d’apprendre davantage ces éléments pour l’amélioration de leurs connaissances
- Evaluation des acquis depuis la dernière journée de réflexion organisée le 02 janvier 2022.
A la fin de la séance, un espace de partage d’expérience et de présentation des progrès individuels et collectifs, à la suite de la dernière journée de réflexion organisée en janvier, été ouvert.
Certains membres ont partagé leurs expériences et les initiatives dans lesquels ils se sont lancé depuis lors. Certaines de ces initiatives ont été les suivantes :
- Deux jeunes se sont lancés dans l’apprentissage de l’utilisation du logiciel Photoshop et sont maintenant capables de produire des affiches, des cartes de visites, des cartes de service, etc. Ils offrent maintenant un service dans ce secteur et espère avoir davantage des clients qui leur permettront de rentabiliser davantage cette connaissance.
- Un autre jeune s’est lancé dans l’apprentissage sur les outils de collecte des données et diverses applications, ce qui lui permet d’être plus compétitif actuellement dans le secteur où il est en train d’œuvrer. Cela a contribué à son succès dans une prestation de service qu’il est en train de faire.
- Deux autres se sont mis ensemble pour la mise en place d’une officine pharmaceutique afin de générer quelques revenus pour couvrir certains besoins académiques et personnels.
- Une autre jeune s’est lancée dans la conception des éléments de décoration.
- Etc.
En conclusion, bien que le nombre des participants ne fût pas suffisant par rapport aux attentes (17 participants contre environ 30 attendus, le niveau de satisfaction et de la participation a témoigné l’intérêt d’organiser davantage ces genres de séances pour renforcer les connaissances et promouvoir le respect de nos valeurs dans la société.
Il a été donc été décidé de tout mettre en œuvre pour pouvoir organiser des séances, même de quelques heures dans les après midi et échanger sur des sujets qui rencontrent les objectifs de MJC, mais aussi d’avoir la possibilité d’organiser des séances de formation au sein de MJC.
Pour le Mouvement Jeunesse Consciente asbl:
Jacques CIZA- Modérateur de la séance.
Mars 2022.
[1] E. Badinter, L’un est l’autre, 1986, p. 320.
[2] (Pape Jean-Paul II, 1995).